Le fusil de 8 mm modèle 1886 et 1886M93

Le fusil de 8 mm modèle 1886 et 1886M93
Le fusil de 8 mm modèle 1886 et 1886M93 :

I) Renseignements numériques:

Longueur de l'arme:
1307 mm
Longueur de l'arme avec baïonnette:
1825 mm
Longueur du canon:
800 mm
Longueur de la ligne de mire:
/
Hauteur:
 /
Poids à vide:
4,180 kg
Poids chargé:
4,415 kg
Poids chargé avec baïonnette:
4,890 kg
Contenance du magasin:
 8 cartouches (+1 dans l'auget et 1 en chambre: capacité totale possible = 10 cartouches)
Calibre:
8 mm
Munition:
8x50R
Cartouches utilisées:
mle1886 M (balle à bout arrondi en plomb chemisé de maillechort, charge de 2,75 g de poudre BF)

mle 1886 D (balle de 12,8 g à bout pointu en laiton, charge de 3 g de poudre BN3FD)

mle 1932 N (balle à bout pointu en plomb chemisé de cupro-nickel,charge de 3 g de poudre BPa 0,3)

 mle 1886 D à balle perforante P (balle de 9,6 g en laiton et noyau d'acier, charge de 3,2 g de poudre BFP1)

mle 1886 D à balle traçante T (balle de 11,2 g en laiton et composition tracante, charge de 3 g de poudre BFP1)

mle 1886 D à balle sectionnée (balle de 9,6 g en laiton et noyau d'acier, charge de 3,2 g de poudre BFP1)

mle 1886 D à balle fraisée (balle de 12,3 g en laiton, charge de 3,2 g de poudre BFP1)

mle 1886 D sans balle pour grenade VB d'exercice (charge de 3 g de poudre US et 0,6 g de poudre noire)

mle 1897 à blanc (balle en papier-paille, charge de 1,3 g de poudre EF)

mle 1905 à blanc (balle en bois, charge de 1,3 g de poudre EF)

mle 1886 inerte de manipulation (en bois tourné avec fausse ogive et culot en laiton)

mle 1886 inerte de manipulation (étui en laiton nickelé, perçé d'un trou et balle soudée)
Rayures:
4 à gauche au pas de 240 mm
Vitesse initiale (Vo):
 632 m/s avec cartouche mle 1886 M

701 m/s avec cartouche mle 1886 D

840 m/s avec cartouche mle 1886 D à balle perforante P

750 m/s avec cartouche mle 1886 D à balle traçante T

651 m/s avec cartouche mle 1886 D à balle sectionnée

711 m/s avec cartouche mle 1886 D à balle fraisée

690 m/s avec cartouche mle 1932 N
Energie initiale (Eo):
306 kg/m avec cartouche mle 1886 D
Vitesse pratique de tir:
8 à 10 coups/min
Portée pratique:
250 m (hausse de combat ou but en blanc)
Portée utile maxi:
2000 m
Pénétration:
/
Perforation:
/


 

II) Caractéristiques générales:

Classification:
arme individuelle d'épaule, non automatique
Subdivision:
fusil d'infanterie
Utilisation:
tir aux distances moyennes à longues
Canon:
rayé, chambre pour étui tronconique à bourellet
Système moteur:
action directe du tireur
Système de fermeture:
culasse calée à verrou fixe
Alimentation:
manuelle, magasin intégré tubulaire
Système de détente:
simple par détente-gâchette, détente à double bossette
Système de percussion:
percussion rectiligne, armé culasse fermée
Extraction:
extracteur à action normale, lame ressort à griffe
Ejection:
fixe projetant, porté par la boîte de culasse
Sécurités:
au verrouillage par la rampe hélicoïdale de la culasse
Sûretés:
aucune (position de sûreté: chambre vide, une cartouche dans l'auget)
Appareils de pointage:
hausse à gradins et curseur (400-800 m) et planchette (850-2000 m) pour balle M

hausse à gradins et curseur (400-800 m) et planchette (850-2400 m) pour balle D

guidon rectangulaire sur embase
Accessoires à la puissance de feu:
tromblon VB (lance-grenade)
Baïonnette:
épée-baïonnette modèle 1886 et dérivés
Marquages:
sur la boîte de culasse (fabricant et modèle, calibre)

sur le canon (matricule, année de fabrication)
Finition:
entièrement bronzé sauf la culasse, le pontet, le battant de crosse et la plaque de couche
Fabricants:
Manufacture d'armes de Châtellerault

Manufacture d'armes de St-Etienne

Manufacture d'armes de Tulle

Manufacture d'armes de Paris à St-Denis (firme privée) uniquement pour pièces
Exemplaires fabriqués:
3 500 000 environ de 1886 à 1918
Période d'utilisation:
de 1886 à 1960
Versions et dérivés:
fusil signaleur

fusil  modèle 1886 M93 de tireur d'élite

mousqueton modèle 1886 M93 M27 (non adopté)

mousqueton modèle 1886 M93 R35
Classification:
1° catégorie

 

III) Historique:

En 1885 l'arrivée du général Boulanger à la direction du ministère de la guerre ne va pas passer inaperçue, loin s'en faut. A peine en place cet officier impose son point de vue de façon radical, prônant une politique revancharde à l'égard de l'Allemagne. Ainsi il exige que le nouveau fusil d'infanterie destiné à équiper l'ensemble des troupes soit près dès le 1° mai, ne laissant donc que cinq mois à nos ingénieurs d'armement pour y arriver.
Depuis 1883 une commission d'armement planchait sur le remplacant du fusil Gras 1874, les travaux étaient bien avancés, le fusil mle 1885, lui même dérivé du Fusil Kropatschek de marine Mle 1878 (via le mle 1884) était en bonne place mais l'invention de la poudre sans fumée par l'ingénieur  Paul Vieille en 1886 bouleversa ces plans. Les fusils mle 1884 et 1885 utilisaient encore la cartouche de 11 mm du fusil Gras à poudre noire avec tous les inconvénients liés à ce type de poudre (encrassement important, épais nuages de fumée et calibre important). La nouvelle poudre révolutionnera l'ensemble de l'armement et aura des répercussions dans le monde entier, désormais le tir n'occasionne plus les désastreux nuages de fumée révélateurs de la position des troupes, de même la trajectoire des projectiles est plus tendue ce qui améliore la précision et enfin elle permet une réduction notable du calibre ce qui permettra au combattant d'emporter plus de cartouches pour un même volume.
Devant l'urgence les autorités militaires décident d'adapter le fusil 1885 déjà bien au point. Une nouvelle cartouche est crée en prenant pour base le culot de la cartouche du Gras et une balle au calibre de 8 mm, bien évidemment cette cartouche est chargée avec la poudre sans fumée de l'ingénieur Vieille.
Cette cartouche  fait faire un bond en avant considérable à notre armement mais l'adaptation du fusil 1885 à magasin tubulaire sera en définitive plus un mal qu'un bien, on s'en apercevra bien trop tard lorsque l'Allemagne innovera en adoptant le Mauser G98 et son magasin à pile imbriqué.
Afin de permettre la réalisation des très nombreux fusils nécessaire à l'équipement de nos armées il sera procédé à l'achat de machines-outils performantes, notamment aux Etats-Unis. Les premiers prototypes sont fabriqués par la Manufacture d'armes de Châtellerault puis la production en série est lancée. Après une campagne d'essais en corps de troupe le nouveau fusil est adopté le 22 avril 1887 sous l'appellation de fusil modèle 1886 et il reçoit le nom de l'officier commandant les expérimentations au camp de Châlons, le colonel Lebel.
Nos trois manufactures d'Etat sont mises à contribution et la cadence atteint bientôt le rythme effrené de cinq fusils à la minute, permettant de réaliser l'objectif du général Boulanger dans les temps...
La finition du Lebel est parfaite, il est fiable et robuste et sa ligne est, qui plus est, magnifique. Innovation à l'époque toutes les pièces sont interchangeables facilitant par la même l'entretien et la logistique. En 1893 il est apporté quelques améliorations: adjonction d'un tampon-masque sur la tête de culasse, modification du pied de hausse et du bouchon de culasse. Ces modifications entrainent un changement dans l'appellation de l'arme qui devient le fusil modèle 1886 M 93.
Les modifications suivantes n'amèneront pas de changement d'appellation, la première, en 1898, faisait suite à l'adoption de la balle 1886 D qui remplaca la balle 1886 M, à cet occasion la planchette de hausse est changée, la deuxième, en 1932 faisait suite à l'adoption de la cartouche 1932 N, la chambre et le ressort de percuteur sont modifiés et un N est gravé sur le tonnerre.
Les premiers faits d'armes du Lebel seront obtenus en outre-mer, en Afrique noire lors des campagnes de colonisation et de pacification , en Chine lors de la révolte des Boxers (55 jours de Pékin) puis au Maroc.
 A l'entrée en guerre en 1914 l'ensemble de nos armées en est équipé et le Lebel remplace le Gras en première ligne. Il est de tous les combats mais ses défauts sont mis au jour, longueur importante, magasin peu pratique à approvisionner et propension à ingérer les impuretés du champs de bataille. Son remplacant est mise en service progressivement car l'énorme stock de départ est loin d'être épuisé mais à partir de 1917 les recrues des nouvelles classes sont équipés du Berthier 07-15. La fabrication du Lebel s'arrette avec la fin de la guerre mais sa carrière continue et on le retrouve encore pendant la deuxième guerre mondiale aux mains des unités de réserve principalement, les troupes d'actives étant équipés du 07-15 ou du fusil modèle 16. Il est néanmoins gardé un Lebel dans chaque 1/2 groupe de combat aux mains du tireur VB, le Lebel étant plus résistant au fort recul de ce lance grenade que les autres fusils.
Les allemands se servent des exemplaires saisis dans nos arsenaux pour équiper leurs troupes de seconde ligne telles celles du mur de l'Atlantique mais il est plus là pour pallier le manque d'armes que pour une défense efficace. Ses derniers faits d'armes en 1945 le seront avec les FFI puis il retounera dans les dépôts.
Il équipera encore certaines troupes supplétives en Algérie et en Indochine lorsque le manque d'armes obligera à "racler les fonds de tiroirs" mais ce sera là son champ du cygne au combat et sa carrière se terminera aux mains de nos aviateurs et  marins essentiellement pour l'instruction et la garde et ce jusque dans les années soixante.





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