Autocarrette O.M.

Autocarrette O.M.
Autocarrette O.M. :

 

    Les Autocarrette OM sont nées de la volonté de l'armée italienne de se doter d'un véhicule capable d'évoluer sur des routes très étroites, notamment en montagne, et sur des terrains légèrement accidentés. Suite au concours de 1927, différentes firmes proposèrent leur réalisation l'année suivante, et l'armée commanda deux exemplaires des véhicules Fiat, Lancia, Ansaldo et Ceirano. Suites aux essais réalisés en 1930, le projet Ansaldo fut retenu, mais des difficultés économiques conduisirent à la liquidation d'Ansaldo, et le contrat fut cédé à la société OM de Brescia. Les trois exemplaires fournis par cette firme durant le second semestre 1931 furent testés à l'extrême limite de leurs possibilités, et donnèrent des résultats satisfaisants (ils pouvaient franchir des cotes de 42%). Un premier lot fut distribué à plusieurs unités qui testèrent encore avec succès l'autocarretta sur le terrain durant les Grandes Manoeuvres d'août 1932. Un deuxième lot de ce véhicule, dénommé dorénavant Autocarretta 32, fut commandé en juillet 1933 et livré entre 1934 et 1935.
    Suite aux suggestions émises par les utilisateurs de ce véhicule entre 1932 et 1935, une nouvelle version, baptisée Autocaretta 35, fut présentée au salon automobile de Milan en 1935. Elle se différenciait principalement de son prédécesseur par une stabilité transversale améliorée (grâce à un allongement des essieux de 10 cm) ainsi que par une meilleure tenue de route et un nouveau système d'éclairage. Elle pouvait également être équipée de pneus.


    La première expérience militaire des Autocarrette OM32 et 35 est celle de la campagne d'Ethiopie en 1935-36, où ces véhicules seront largement employés, surtout sur le front nord. Au début des hostilités, seul le 51° Autogruppo, sur 5 autoreparti d'OM32, est présent en Erythrée. Il sera rejoint par 3 autres autogruppi entre octobre 1935 et février 1936, représentant 360 véhicules, puis 300 autres seront envoyés durant la dernière phase des opérations. En mai 1936, au moment de la fin officielle du conflit, plus de 1500 OM32 et 35 sont déployés sur le front nord, contre seulement 78 en Somalie. Lors de ce conflit, chaque division d'infanterie provenant de métropole devait avoir en dotation 72 Autocarette, qui se révélèrent très maniables, faciles d'emploi et utilisables sur des terrains très variés. Le seul reproche qui lui était fait concernait sa vitesse trop faible.

    Après l'AOI, c'est en Espagne que l'on va retrouver les Autocarrette, au sein du CTV : 328 en tout, des modèles 32 et 35, soit regroupées en autosezioni de 24 véhicules, soit assignées par petits lots à différentes unités. Les pertes furent sensibles au début de la campagne, notamment à Guadalajara en mars 1937, où 18 véhicules furent perdus, soit 50% du parc engagé en 20 jours. Une formation plus longue et une sélection plus rigoureuse des conducteurs permettront de réduire les pertes à 15% lors de la bataille de l'Ebro, qui dura 50 jours. Certaines autocarrette furent utilisées pour le transport des cannoni da 65/17 en Espagne.
    L'utilisation des Autocarrette en Espagne démontra encore une fois leurs qualités, bien que dans ce secteurs, les véhicules furent employés principalement sur route, avec comme conséquence une vitesse élevée et de longs parcours qui provoquaient une usure rapide et un échauffement du moteur.


Caractéristiques techniques

Modèle : OM32 OM35 OM36 Mt OM37 OM36 P
Moteur : AM 4 cylindres de 1616cm3 AM 4 cylindres de 1616cm3 AM 4 cylindres de 1616cm3 AM 4 cylindres de 1616cm3 AM 4 cylindres de 1616cm3
Puissance : 20 CV 23CV 20CV 20CV 20CV
Vitesse maximale : 25km/h 25km/h 45km/h 36km/h 45km/h
Poids à vide : 1580kg 1580kg 1660kg 1600kg 1650kg
Autonomie : 160km 160km 160km 160km 160km

    Les bons résultats récoltés dans les colonies conduisirent l'Esercito à élargir sa dotation en Autocarrette : 2000 nouveaux exemplaires furent acquis entre mai 1935 et octobre 1939, et certains de ces véhicules rentrèrent dans la composition des Grandi Unità Motorizzate. L'utilisation des Autocarrette dans ces divisions nécessitera plusieurs modifications par rapport au modèle 35, notamment le passage de 6 à 10 places, la substitution des pneus pleins par des pneus de type Artiglio, une vitesse de pointe plus élevée (48km/h) et, sur certains modèles, l'installation des 2 mitrailleuses Breda 30 de 6,5mm. Ce nouveau véhicule sera baptisé Autocarretta 36, construit en version P (transport de troupes, muni de sièges) et Mt (transport de matériel, avec une charge utile de 800kg). Chaque division motorisée devra être dotée d'un groupe de manoeuvres comprenant, entres autres, une section d'autocarrette 35 et 13 sections d'autocarrette 36 pour un total de 312 véhicules. Les divisions alpines recevront, quant à elles, 56 autocarrette 32 et/ou 35.
    Suite à l'adoption de l'Autocarretta 36 Mt, une autre variante destinée au transport de matériel en Europe est développé et baptisée Autocaretta 37, bien que présentée dans sa version définitive le 31octobre 1938. Par rapport au modèle précédent, elle était légèrement plus basse (1m75 au lieu de 1m80), dotée de pneus pleins, caractérisée par l'absence de pare-brise et la présence d'un filtre à air à gauche du moteur. Elle avait également une capacité d'emport supérieure, tant en carburant (41 litres au lieu de 39) qu'en matériel (900kg au lieu de 800kg).

    Malgré les efforts réalisés pour pourvoir le plus grand nombre d'unités, la production mensuelle de l'usine OM de Brescia n'est que de 100 autocarrette, et, au 19 septembre 1937, il manquait 2411 exemplaires de ces véhicules pour satisfaire aux besoins. Il faut dire que le coût unitaire était élevé pour l'époque (33000 lires, soit trois fois le prix d'une jeep aux Etats-Unis en 1941). Lors des manoeuvres de l'été 1937, des OM36 P et Mt furent distribuées et testées par la Divisione Motorizzata Po, qui ne les jugea pas entièrement satisfaisantes. De même, lors des manoeuvres en Libye en mai 1938, les 10 autocarette 36 présentes furent critiquées pour leur silhouette trop remarquable et pour leur conduite difficile. Sur le compte-rendu des manoeuvres de 1939, on peut lire que les Autocarrette ont en général donné satisfaction pour leur bon comportement, sauf le modèle 36, jugé peu stable à cause de ses suspensions trop souples et de sa grande hauteur, et sur le pare-brise duquel apparaissent fréquemment des fissures. La conclusion de ce rapport évoque la nécessité de substituer les Autocarrette OM par des camions légers SPA38 et SPA39 dans un avenir proche.

    Ainsi, lors de l'entrée en guerre, l'Esercito ne compte que 2751 autocarrette dans ses rangs (sans compter celles qui se trouvent en AOI), et aucun autre exemplaire n'est en commande. Malgré les difficultés rencontrées avec les séries 36P et Mt, ces modèles serviront largement pendant le conflit. La Divisione Motorizzata Trieste (ex Po) en comptait encore dans ses effectifs lors de l'attaque contre la France en juin 1940. Les autocarrette serviront sur tous les fronts de la seconde guerre mondiale, et plus spécialement en Russie et dans les Balkans, où vit le jour une version ferroviaire blindée.




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