Fiat 3000

Fiat 3000
Fiat 3000 :



    En 1917, suite aux premiers engagements des chars anglais et français dans les Flandres, le Quartier Général italien décide d'acheter à
la France un exemplaire du char Schneider. Le blindé est testé en terrain accidenté et montagneux correspondant au  futur secteur d'opération dans lequel ce matériel sera engagé. Les résultats obtenus sont jugés satisfaisants et l'armée italienne envisage alors d'acheter d'autres exemplaires. Cependant les négociations n'aboutissent pas et la proposition d'effectuer le montage du vé­hicule en Italie se solde également par un échec.
    En mai 1918
la France envoie un deuxième Schneider et trois chars légers Renault FT-17. A nouveau l'Italie réclame d'autres blindés mais devant l'impossibilité de pouvoir acquérir les engins demandés, la décision est prise en juillet de la même année de produire une version améliorée du Renault. Le programme de construction est confié à Fiat qui reçoit l'aide des firmes Ansaldo et Breda. La pre­mière demande porte sur 1400 exemplaires avec une production mensuelle estimée à 200 chars à compter du 1er mai 1919. La soudaine cessation des hostilités entraine l'annulation de cette com­mande initiale qui se trouve ramenée à seulement 100 véhicules à remettre pour le mois de septem­bre 1919. L'incertitude de la situation politique, économique et sociale de l'après-guerre va entraîner un retard dans la livraison et  le premier blindé ne sera achevé qu'en 1920.

    Les premiers exemplaires entrent en service en 1921 et reçoivent la dénomination officielle de "Carro d' assalto Fiat 3000 mod.21" c'est à dire "véhicule d'assaut Fiat 3000 modèle 21". Le vé­hicule armé de deux mitrailleuses en tourelle est d'apparence similaire au Renault mais il est cepen­dant plus léger et beaucoup plus rapide. Le char est soumis à une série d'épreuves destinées à en déterminer les performances, les consommations et les possibilités d'emploi. A la fin des essais, la commission chargée des évaluations remet un rapport dans lequel elle émet des réserves concernant l'efficacité d'un blindé moyen armé uniquement de mitrailleuses. Elle propose le montage en tourelle d'un canon de
37 mm à tir rapide, armement plus approprié pouvant être utilisé contre d'autres chars ennemis.
    Les grandes manoeuvres de 1927 et de 1928 mettent en évidence la nécessité de disposer de chars équipés d'un canon agissant conjoin­tement avec d'autres armés de mitrailleuses. L'Arsenal d'Artillerie de Turin est alors chargé d'étudier en collaboration avec Fiat la possibilité de monter un canon de 37/40. Cette nouvelle ver­sion, essayée lors des manoeuvres de 1929, se distingue du modèle précédent par une tourelle adaptée pour recevoir le canon, un moteur plus puissant, un train de roulement modifié et une plage moteur arrière différente. Ce nouveau modèle reçoit en 1930 la dénomination de "Carro d' Assalto Fiat 3000 Mod. 30" ou Fiat 3000B. On ne sait pas combien d'exemplaires ont été construits, certains seront équipés d'un canon et d'autres de deux mitrailleuses comme pour le Mod.21.


L'année 1933 voit s'amorcer le déclin du Fiat 3000. L'industrie commen­ce en effet à livrer de nouveaux chars rapides qui équipent les nouvelles unités de blindés de la Cavalerie et des Bersagliers. Le Fiat 3000, qui n'est pas engagé lors du conflit espagnol de 1937, com­mence à laisser la place aux véhicules moyens M11 dans les années précédant la Deuxième Guerre Mondiale. Avant l'ouverture des hostilités, les Fiat 3000 reçoivent respectivement les nouvelles dénominations de L5/21 et L5/30. En décembre 1939, 5 Compagnie Carriste di Frontiera de la GAF (Guardia alla Frontiera, les gardes-frontiè­res) sont constituées pour réutiliser les Fiat 3000 encore opérationnels. Chaque compagnie dispose de 3 pelotons sur 3 chars chacun, plus un char de commandement, soit un total de 10 chars par compagnie. 

    Début 1940, les 2a et 4a compagnie sont affectées aux II° et IV° Corpi d'Armata le long de la frontière avec la France, la 5a compagnia au XV° CdA sur la frontière italo-yougoslave, la 1a au XXXV° CdA en Albanie et la 3a aux forces italiennes stationnées en mer Egée. Les exemplaires restants sont en attente de remplacement dans les régiments de blindés. Ces unités ne vont pas participer à des faits d'armes importants au cours des opérations sur le front gréco-albanais ou dans d’autres secteurs d'opération.

    En juillet 1943, lorsque les Américains débarquent en Sicile, deux compagnies de Fiat sont encore en ligne, avec 9 chars chacune. Elles sont détruites sans avoir joué de rôle opérationnel réel. Le char à cette époque était complètement dépassé et n'était plus adapté ni au combat ni même à l' entrainement.

Le Fiat 3000, premier char produit en série en Italie, fut le premier blindé italien exporté. Des Fiat Mod.21 furent vendus à l'Albanie (les exemplaires seront récupérés par les Italiens en 1939 après l'invasion du pays) et à la Lituanie. En 1925 on pro­posa à l'Ethiopie d'acquérir un exemplaire du blindé. Ce sont finalement trois Fiat 3000 Mod.30 qui lui seront vendus en 1930. Certaines sources font mention de ventes proposées à la Grèce, au Danemark et à l'Espagne. Ces pays testeront le véhicule mais ces propositions n'auront pas de suite.




    Le Fiat 3000 Mod.21 garde la même configuration que le Renault FT-17 : une caisse reposant sur des chenilles propulsives et supportant une tourelle armée. Le véhicule se distingue extérieurement du char français par une tourelle différente et un train de roulement modifié. Le char possède un centre de gravité plus bas, un moteur plus puissant (55ch contre 40 pour le FT), une boîte de changement de vitesse simplifiée. Le moteur est monté transversalement (longitudinalement pour le FT) ce qui a permis de diminuer le poids total du véhicule et de raccourcir la caisse. Le blindage offre une protection efficace contre le tir des mitrailleuses et les éclats d’obus. La coque est étanche et le véhicule est équipé d’une pompe pour l’évacuation des éventuelles infiltrations d’eau. L’intérieur du blindé est divisé en deux parties par une cloison pare-feu qui isole le compartiment de combat et de pilotage de la partie propulsion.

    Le poste de conduite avec les commandes et les organes de direction est situé à l’avant, la tringlerie de liaison protégée par une grille en fer passe sous le plancher. Sur le plancher, le constructeur a fait aménager quatre logements destinés au stockage des outils, de l’équipement de bord, des pièces de rechange et du matériel nécessaire au nettoyage de l’armement. Le pilote, assis à l’avant de la caisse sur un siège à dossier rabattable, dispose pour l’observation de deux fentes latérales­ et d’un panneau
central blindé également pourvue d’une fente. Ce panneau peut être relevé et bloqué en position désirée pour augmenter la visibilité du chauffeur durant le déplacement. Le chef de char-tireur est assis derrière le conducteur sur un siège réglable en hauteur. Il peut en cas de nécessité lancer le moteur depuis l’intérieur du véhicule. Dans la partie centrale du compartiment de combat occupé par le chef de char, juste en dessous de la tourelle, on trouve les logements pour les munitions protégées par l’épaisseur des blindages latéraux et les chenilles.


    L’arrière de la caisse, qui renferme le compartiment moteur, est accessible par l’intermédiaire de deux panneaux situés sur la partie supérieure de la plage arrière. A l’intérieur on trouve le moteur, la magnéto d’alimentation (le char est dépourvu d’installation électrique et d’éclairage), le réservoir de carburant, le radiateur de refroidissement et les organes de transmission. La caisse se termine par une queue de franchissement amovible sur laquelle sont fixés deux systèmes de levage démontables. L’équipement externe comprend une manivelle servant au démarrage du véhicule depuis l’extérieur et une pioche. Les pots d’échappement placés de chaque côté de la caisse sont protégés par une plaque de blindage. Le char est équipé de quatre anneaux de remorquage pouvant supporter une traction de quatre tonnes. La chaîne de traction longue d’environ
3 mètres 20 est fixée dans les manilles arrière.
    L’armature du train de roulement est constituée principalement par un longeron en tôle rivée fixé au bas de la caisse. La poulie de tension est placée à l’avant, le barbotin à l’arrière. Chacun des longerons repose sur la partie portante de la chenille par l’intermédiaire de huit galets de roulements répartis en quatre chariots. Ces galets sont montés sur des balanciers à ressort équipés de tampons amortisseurs en caoutchouc destinés à absorber les oscillations. Ce montage articulé permet de maintenir une pression suffisamment constante et de la distribuer de façon uniforme sur tous les appuis des galets de route quelque soit  la déformation de la chenille imposée par la forme du terrain. Les premiers Fiat 3000 Mod.21 ont un longeron court qui va jusqu' au dernier galet. Les exemplaires suivants et tous les Mod.30 seront équipés d’un longeron qui se prolongera jusqu' au barbotin.


    A partir de 1935 tous les modèles en service seront équipés de renforts évidés en acier en vue d’augmenter la résistance du train de roulement (Fig. 1). A mi-hauteur de la caisse on trouve la deuxième partie du train de roulement constitué par cinq rouleaux porteurs soutenus par un petit longeron. Celui-ci,  fixe à l’arrière, est pourvu à l’avant d’un ressort à spirale monté sur une console solidaire de la caisse. La poussée exercée par ce ressort permet de soutenir la chenille et lui confère l’élasticité nécessaire en concordance avec le fonctionnement de la suspension.

    La chenille comprend 52 patins. Le prototype et les premiers exemplaires, parmi lesquels on trouve ceux vendus à l’Albanie, ont un barbotin évidé et les chenilles conservent le même aspect lisse que ceux du char Renault. Sur les modèles suivants les patins seront modifiés afin d’obtenir une meilleure adhérence et une meilleure pression au sol.

    La tourelle, mobile sur 360 degrés, contient l’armement, le portillon d’accès ainsi que les attaches pour le siège du chef de char. Elle est surmontée d' un tourelleau  ( doté de trois fentes destinées à l' observation, l' aération et l' éclairage ) pourvu  d' une coupole pouvant  s' ouvrir pour améliorer l' aération ou permettre une évacuation rapide en cas d' urgence. Cette coupole est percée en son centre pour permettre le passage de moyens de signalisation. En ce qui concerne l’armement, le Fiat 3000
Mod.21 est dans un premier temps équipé de deux mitrailleuses S.I.A de calibre 6,5 avec une dotation en munitions de 2000 cartouches réparties en 50 chargeurs approvisionnés à 40 coups. Les difficultés rencontrées lors du chargement des mitrailleuses lorsque le véhicule est en mouvement vont entrainer une demande pour le changement de l’armement. L' Arsenal de Turin propose en 1922 le montage d’une paire de mitrailleuses Lewis mais le projet n’est pas retenu. En 1937 les chars sont réarmés avec une paire de mitrailleuses Fiat Mod.29 pour aviation alimentées par chargeurs de 40 coups. Quel que soit le type de mitrailleuses montées en tourelle, l' armement est couplé parallèlement sur un même axe et le chef de char-tireur dispose pour la visée d' un collimateur placé entre les deux canons. Le tir peut se faire de façon indépendante mais le pointage est unique.
    Le blindé étant dépourvu de tout système d’éclairage, les déplacements nocturnes devaient s’effectuer avec l’aide du chef de char. Celui-ci  précédait  le blindé en signalant au pilote les obstacles à la voix. La signalisation de char à char se faisait au moyen d’une série de mouvements précis et codifiés. Certains exemplaires du Fiat 3000 Mod.30 furent équipés d’un appareil radio. Ces véhicules étaient facilement identifiables grâce au cadre rigide monté sur le dessus de la tourelle et surplombant  en partie la plage moteur. Cet équipement se retrouvera sur certains Mod.21 à une époque postérieure à 1935. Ces blindés serviront comme véhicules de commandement de bataillon, de compagnie et de peloton.


Fiche technique (mod.21) Longeur : 4,17 m (avec queue)
Largeur : 1,64 m
Hauteur : 2,19 m
Moteur : Fiat 4 cylindres essence en ligne développant 50 CV à 1700 tours/mn
Poids : 5,5 tonnes
Equipage : 2
Vitesse maximale : 24 km/h sur route
Autonomie : 95 km sur route
Protection : de 6 à 16 mm
Armement : 2 mitrailleuses jumelées S.I.A. ou Fiat mod.29 de 6,5 mm





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